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La France rêvait d’échapper à la fatalité d’un « jeu à somme nulle » au Maghreb, ce dilemme qui veut que tout réchauffement avec le Maroc implique un refroidissement avec l’Algérie, et réciproquement. Le pari s’annonce compliqué, au vu de la réaction algérienne au changement de pied de Paris sur le dossier du Sahara occidental, même si le seuil de l’irréparable n’a pas encore été franchi. Alger a décidé, mardi 30 juillet, de « retirer » son ambassadeur en poste à Paris quelques heures après la publication de la lettre adressée par Emmanuel Macron au roi du Maroc, Mohammed VI, à l’occasion de ses vingt-cinq ans de règne, l’informant que la France reconnaissait désormais que le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental (datant de 2007) « sous souveraineté marocaine » était la « seule base » permettant le règlement de ce conflit au cœur de la rivalité régionale entre Rabat et Alger.
Jusqu’ici, Paris considérait juste que cette perspective mise sur la table par le Maroc était une « base de discussion sérieuse et crédible », et s’était toujours bien gardé de mentionner expressément à ce sujet la « souveraineté marocaine ». Après trois ans de tensions provoquées par un Maroc de plus en plus offensif, voire agressif – conséquence de la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental, en décembre 2020, par Donald Trump, alors président des Etats-Unis –, la France a cédé à la pression de Rabat. L’impasse de sa relation avec l’Algérie, où les tentatives de réconciliation – notamment mémorielle – appuyées par M. Macron n’ont pas apporté les résultats escomptés, y a grandement contribué.
La riposte d’Alger a donc pris la forme d’un « retrait » de son ambassadeur. Dans le monde très codé de la diplomatie, cette mesure va au-delà d’un simple « rappel pour consultation » auquel l’Algérie avait déjà recouru lors des deux crises les plus récentes, en octobre 2021, puis en février 2023. Elle ne signifie toutefois pas la rupture des relations diplomatiques, même si « elle renvoie à l’ultime niveau d’alerte avant la rupture pure et simple », prend bien soin de préciser le quotidien algérien L’Expression. « En soixante-deux ans de relations algéro-françaises, c’est bien la première fois que la crise atteint pareil sommet », ajoute le journal.
La réaction algérienne souligne avec insistance le caractère exceptionnel de l’annonce par M. Macron de la nouvelle doctrine française sur le Sahara occidental. « Ce pas qu’aucun autre gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir, le gouvernement actuel l’a fait avec beaucoup de légèreté et une grande désinvolture, sans en mesurer lucidement toutes les retombées potentielles », a dénoncé dans un communiqué le ministère des affaires étrangères algérien. Selon ce texte, l’Algérie considère que la nouvelle position française « bafoue la légalité internationale, prend fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et se démarque de tous les efforts patients et persévérants déployés par les Nations unies à l’effet de parachever la décolonisation du Sahara occidental ».
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